Dans le cadre de “En piste les artistes !”, le projet culturel mettant en avant les artistes habitant la commune de Libramont, nous partons à la rencontre de Sophie Didier. Comédienne mais surtout conteuse, Sophie a fait, d’une réelle passion, un métier. Elle exerce depuis près de quinze ans, dans sa région natale comme à l’étranger.
Sophie est enivrée et enivrante, passionnée et passionnante… c’est ainsi que se décrit l’artiste sur son site web personnel. Nous voulions également débuter notre portrait par ces mots tant ceux-ci sont vrais et au plus proche de la réalité.
Comédienne, conteuse, improvisatrice, professeur de pole dance et aussi auteure, Sophie est une femme aux multiples facettes. Nous vous emmenons à la découverte de cette conteuse libramontoise aux mille talents et que rien ne prédisposait à entrer dans un tel métier.
Les contes depuis son enfance
Étudiante, Sophie suit des études de philosophie à l’UCL. Mais sa passion pour les contes trouve ses origines dès son enfance. “J’ai toujours aimé les histoires depuis toute petite, ma grand-mère m’en racontait beaucoup. J’adorais aussi en lire, j’étais d’ailleurs une mangeuse de livres !”
On comprend alors que la libramontoise à cela dans le sang depuis bien longtemps et que c’est dès son jeune âge qu’elle s’est sentie attirée par le monde de la comédie. C’est ensuite qu’elle deviendra comédienne professionnelle en se perfectionnant grâce aux cours de la Kleine academie à Bruxelles, il y a 15 ans.
De retour dans les Ardennes, Sophie va alors se tourner spécifiquement vers les contes et légendes. “C’est peut-être les légendes de nos contrées et tout ce qu’il se passe ici qui m’ont poussé à rentrer dans l’univers des contes et à revenir à l’essentiel. J’ai alors suivi plusieurs formations dans ce cadre” nous raconte-t-elle.
“IL Y A TOUJOURS UN CONTE POUR CHEMINER AVEC NOUS”
“Je me sens tellement bien dans l’univers des contes. C’est un art qui n’est pas forcément destiné aux adultes, il touche toute la population. Peu importe son âge ou d’où l’on vient, il fait le chemin avec nous, en tous temps. Peu importe ce qu’on fait, on le module comme on veut ; il y a toujours un conte pour cheminer avec nous”, continue alors Sophie.
Mais d’où viennent les contes ?
Sophie aime parler de son art qu’elle apprécie tant, et force est de constater qu’elle regorge d’anecdotes sur son métier. Mais d’où viennent exactement ces contes et histoires qu’elle se passionne à raconter ? Elle nous explique. “Les contes sont issus de la tradition orale en grande partie et ont été retranscrits. Mais pour que je puisse les intégrer à mon répertoire, ils doivent me toucher. Les histoires que je raconte, je les aime ; elles m’ont touchée ou m’ont accompagnée à un moment de ma vie. Je les aime tellement que j’ai envie de les transmettre”, poursuit-elle.
C’est en puisant dans les lectures, en écoutant les gens autour d’elle, en fouillant les bibliothèques ou encore grâce aux histoires qu’on lui envoie, que Sophie étoffe son répertoire. Dans un second temps, elle les réécrit, les adapte et se les réapproprie afin de les faire vivre et les transmettre comme elle le désire.
Son public est multiple et son spectacle n’a pas de frontière : “Comme ce sont des contes issus de la tradition, on peut les faire voyager où l’on veut et les adapter aux pays dans lesquels on va. Je vais d’ailleurs souvent en France, notamment à Avignon, dans l’Oise, en Picardie, même à Paris. Je les joue partout, chez l’habitant, dans les bibliothèques, pour des anniversaires, dans des festivals, … j’ai joué partout. Même sous la lune !”.
Mais aussi professeure de pole dance
Professionnelle aux multiples talents, Sophie organise aussi des spectacles pour le moins étonnant. “Le spectacle s’appelle “contes coquins” et ce sont des histoires que je qualifie de plus sensuelles, qui touchent plus à la sexualité, à la découverte du corps et au charnel” nous confie-t-elle.
Un spectacle dédié aux adultes dans un premier temps et qui fera naître une autre passion chez la conteuse libramontoise : le pole dance ! Mêlant danse et acrobaties autour d’une barre, cette discipline, souvent associée par méconnaissance au monde de la prostitution et du strip tease, est véritablement sportive et artistique. “En adaptant les contes coquins et en le jouant sur scène, je me suis dit que la scénographie était trop sobre. C’est ainsi que je me suis mise à la pole dance et j’ai vraiment adoré”, nous explique-t-elle. “C’est un sport qui donne confiance en soi et qui révèle la féminité”.
C’est d’ailleurs dans cette optique que Sophie est devenue par la suite professeure de pole dance, ajoutant ainsi une corde à son arc ! Elle donne aujourd’hui des cours en province de Luxembourg, uniques dans la région.
Ses enfants comme premiers spectateurs
Ses spectacles, elle aime les “tester” devant un premier public afin de voir quel en sera l’impact. Et ce public, il est tout simplement composé de ses enfants. “Quand j’écris des histoires, c’est par eux que ça passe ! Un conte et un spectacle ne mentent pas mais surtout, un enfant ne ment pas ! Quand ça ne leur plaît pas, ils le font savoir à travers diverses attitudes et gestes. Et en les voyant cloués dans le canapé, m’écouter en souriant, je sais que cela leur plaît. Et quand ils insistent le lendemain en me redemandant le spectacle, je sais que ça fonctionne et que c’est parti !” nous lance-t-elle.
Elle poursuit en nous expliquant que si cela plaît aux enfants, cela touche également le cœur des adultes. La conteuse met un point d’honneur à réécrire les histoires de façon telle que ça plaise à tous les publics.
Quand ceux-ci sont destinés principalement aux enfants, elle s’amuse à y laisser une deuxième écoute destinée, elle, aux adultes. Une sorte de second message. “J’aime écrire et raconter sur deux niveaux de compréhension.”
Une valeur principale : la transmission
Sophie fait de ses spectacles et des contes un véritable métier d’artiste ! Et quand on lui demande, comme on aime le faire, ce qu’elle pourrait faire si elle n’était pas comédienne, sa réponse est cinglante. “Je ne pourrais pas faire autre chose dans la vie ! Ma valeur la plus forte est la transmission et je ne pourrais pas me priver de ce partage, cela a trop de sens. Je pense que les gens en ont besoin, j’aime tout simplement transmettre.”
“Cette valeur est tellement ancrée que, pour créer un nouveau spectacle, j’ai demandé des témoignages. Cela a pour but de pouvoir toujours toucher un maximum le public et d’être juste, de coller à la réalité de la vie. C’est du vécu, donc c’est sincère et honnête.”
Et en guise de conclusion, Sophie nous passe un dernier un message. “On ne peut pas se passer de contacts et de la transmission, c’est quelque chose dont on a tous besoin. Que ce soit une grand-mère qui transmette une recette de cuisine, un parent avec ses enfants, peut importe la manière et ce qui est transmis, ce qui importe c’est le cœur et l’amour avec lesquels on fait ces gestes et on les apporte. Jamais personne ne pourra se passer de ça.”