Le Ministre luxembourgeois de la santé a annoncé que le cannabis, une fois légalisé, sera réservé exclusivement aux résidents. Les frontaliers belges, mais aussi français et allemands, devront passer leur chemin.
En novembre dernier, la coalition gouvernementale grand-ducale emmenée par Xavier Bettel avait défrayé la chronique en annonçant la légalisation du cannabis récréatif. Depuis, le dossier avance à grand pas. Les ministres de la Santé et de la Justice se sont notamment rendus au Canada pour se faire une opinion sur le modèle en place dans le pays. « Nous pouvons apprendre des expériences des autres pays et éviter dès le départ des erreurs à ne pas commettre » avaient-ils déclaré sur place.
En ce moment, au Luxembourg, un « task force » travail sur la future légalisation. La vente et la production (sous forme de fleurs, huiles, etc…) seraient ainsi autorisées sous un système de licence, ainsi que la possession et la culture personnelle de plants. Selon un communiqué du gouvernement luxembourgeois, “il ne s’agit en aucun cas de faire la promotion pour la consommation de cannabis. Mais au contraire, de protéger et d’assurer la santé et la sécurité des citoyens et des jeunes en particulier”.
Uniquement pour les résidents
Il ne faut par contre pas espérer un « cannabis-tourisme » comme aux Pays-Bas. La vente sera seulement autorisée pour les résidents. C’est ce qu’a déclaré Étienne Schneider, le ministre de la Santé, dans une interview au Républicain Lorrain. “Le Luxembourg ne sera pas le nouvel Amsterdam. Ce sera réservé exclusivement aux résidents luxembourgeois”, précise-t-il à l’intention des frontaliers.
La légalisation du cannabis continue de susciter de vifs débats dans le pays. Mais le ministre a tenu à se justifier. “Nous avons décidé de nous remettre en question” affirme-t-il. “Notre politique antidrogue ne fonctionne pas. Au Luxembourg comme dans d’autres pays, on a beau interdire tout ce qu’on veut, les drogues se vendent et le marché noir explose”.
Étienne Schneider rappelle que des produits contrefaits et dangereux circulent dans ce marché noir. Il n’y va d’ailleurs pas par quatre chemins pour qualifier les substances qui se vendent sous le manteau : “c’est de la merde“. Le Luxembourg a donc “fait le choix de légaliser la production, la distribution, la consommation et la possession de cannabis“.
Prévention et contrôle
Sur le volet répressif, l’arsenal judiciaire n’est pas encore connu. Mais on sait déjà que les amendes seront, par exemple, fortement relevées pour la vente de cannabis aux mineurs. Les frontières des pays limitrophes seront aussi contrôlées. Des discussions ont eu lieu avec les autorités allemandes, tandis que la Belgique et la France devraient prochainement être contactés par les autorités luxembourgeoises.
Un accent fort sera aussi mis sur la prévention, l’éducation et la prise en charge de l’addiction. Cela sera financé en partie par les recettes fiscales générées par la vente de cannabis. Les autorités rappellent que la substance THC, qui provoque l’euphorie recherchée par les consommateurs, reste hautement nuisible. Notamment pour les jeunes personnes dont le cerveau est toujours en développement.