L’application FaceApp, téléchargée des millions de fois ces derniers jours, soulève de plus en plus d’inquiétudes en matière de respect des données personnelles. Le logiciel ne serait pas aussi inoffensif qu’il en a l’air.
Vous n’avez pas pu passer à côté. L’application FaceApp, qui permet de transformer son visage en quelques clics, rencontre un succès fulgurant sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Elle propose de télécharger une photo de soi et de la modifier à l’aide de filtres pour ajouter un sourire, se faire vieillir ou rajeunir, modifier son teint. Et force est de constater que les résultats sont impressionnants de réalisme. Voire même édifiant.
Présente sur l’Apple Store et le Play Store depuis 2017, elle a soudainement connu un regain de popularité alors que les images de célébrités et d’inconnus avec rides et cheveux blancs se répandaient a toute vitesse sur Internet. FaceApp est actuellement l’application gratuite la plus téléchargée, où elle a séduit plus de 100 millions d’utilisateurs.
Mais cette application gratuite et ludique soulève de plus en plus d’inquiétudes. De nombreux spécialistes des nouvelles technologies ont élevé la voix pour mettre en garde contre les conditions d’utilisation de FaceApp. Selon eux, elles porteraient atteinte au respect de la vie privée et des données personnelles. Les internautes doivent en effet obligatoirement télécharger les photos sur un serveur externe afin d’appliquer le filtre. Plutôt que de transformer l’image directement sur leur appareil.
L’App est-elle vraiment dangereuse ?
Conçue et développée par l’éditeur russe Wireless Lab, l’application renferme des conditions d’utilisations bien précises. En utilisant FaceApp, les usagers accordent par exemple à l’entreprise la permission d’utiliser comme elle le désire le contenu transféré sur ses serveurs. Comme le rappelle le sénateur américain Chuck Schumer sur Twitter, “les utilisateurs doivent fournir un accès complet et irrévocable à leurs photos et à leurs données personnelles”.
Les images et informations récoltées par le logiciel pourraient donc être vendues à d’autres entreprises. Notamment pour des ciblages publicitaires. Une éventualité plausible dans la mesure où l’entreprise doit nécessairement monétiser son produit pour en vivre. «Il faut se questionner: est-ce que ça dérange si je laisse ma photo quelque part?» a soulevé l’expert en cybersécurité Steve Waterhouse à une chaine de radio Québecoise.
Cependant, une excellente enquête de Numerama rappelle que “les conditions d’utilisation se rapprochent de ce que l’on peut trouver sur toutes les applications hébergeant et traitant des photographies, de Facebook à Google Photos en passant par Snapchat”. Le journaliste Julien Cadot rapporte également que “toute la technologie derrière FaceApp repose sur des algorithmes entraînés par les images uploadées. Dès lors, vous consentez à la laisser utiliser ce que vous uploadez, pour améliorer ses résultats. D’après Baptiste Robert, expert en informatique, il n’y a pas lieu de paniquer : l’application fait ce qu’elle dit et ne va pas plus loin que ses autorisations”.
Un seul mot d’ordre : prudence
Face à ses accusations, la patron Iaroslav Gontcharov a tenu à se défendre dans une interview accordée au Washington Post. Il assure que son entreprise n’utilise pas les photos pour d’autres utilisations que l’application. Et que la plupart des clichés sont détruits de ses serveurs dans les 48 heures après leur téléchargement. Il a aussi affirmé que si la société était bien basée en Russie, les données des utilisateurs n’y étaient pas transférées.
À la lumière de ces éléments, existe-t-il un risque avec FaceApp ? Difficile à dire. L’application nécessite d’avoir accès à vos données et peut utiliser celles-ci pour des raisons commerciales. Mais il s’agit d’une pratique répandue sur Internet. Facebook, Google, Amazon et Cie travaillent tous de la même façon. Leur modèle économique repose sur la vente de vos données sensibles. L’important est d’avoir conscience des tenants et aboutissants de l’application et de l’utiliser en connaissance de cause. Un adage bien connu des spécialistes du marketing stipule que si c’est gratuit, ce que vous êtes le produit. Avec les conséquences que cela peut avoir sur les consommateurs. Un Homme avertit en vaut deux.