Le jugement très attendu du DJ cybercriminel avait lieu au tribunal correctionnel d’Arlon ce 14 novembre. Le verdict est tombé : il échappe à une peine d’emprisonnement.
L’affaire avait défrayé la chronique dans le sud de la province de Luxembourg début octobre. Un jeune homme originaire d’Etalle, et bien connu dans le milieu de la nuit pour des prestations en tant que DJ, avait été accusé de plusieurs cas de cyberprédation, d’attentats à la pudeur et de prévention de crime de viols sur mineurs.
Le prévenu comparaissait ce mercredi 14 novembre devant le tribunal correctionnel d’Arlon. Il a été condamné à une peine d’emprisonnement de 5 ans … assortie d’un sursis probatoire. Dans le jargon judiciaire, une telle décision signifie que l’individu échappera à la prison s’il respecte certaines conditions. Celles-ci sont les suivantes : interdiction d’avoir un quelconque contact avec ses victimes, obligation d’indemniser les parties civiles et interdiction d’exercer certains droits (probablement civils).
La mère d’une victime se confie !
A la lecture du jugement, les parents des victimes étaient dépités et en colère. Tout un chacun estimait que la peine n’était pas proportionnée à la gravité des faits. La mère d’une des victimes, qui nous a informé du verdict, a accepté de partager son ressenti. Elle souhaite médiatiser l’affaire pour que les jeunes fassent davantage attention et que d’autres victimes osent sortir de l’ombre.
Pour la jeune mère de famille, le verdict n’est absolument pas convaincant. “J’aurais aimé qu’il fasse de la prison. Ne fut-ce qu’un petit peu. Et que les gens sachent qui c’est réellement, car il est toujours actif sur les réseaux sociaux et dans les soirées de la région” nous explique-t-elle.
Même si elle reconnait, comme lui a confié son avocate, que “la peine est assez lourde”, elle estime que pour les victimes, ce n’est pas suffisant. “Pour eux, c’est la peine la plus haute qu’ils peuvent mettre. Mais pour les victimes, ce n’est jamais assez. Tout ce que je voulais, c’était une condamnation pour toutes les victimes qu’il y a eu. Les indemnités, on s’en moque un peu. Mon fils est passé tout près. Le prévenu aurait pu faire des attouchements à mon fils. Et pour avoir lu le dossier, je sais qu’il y a d’autres enfants qui sont concernés”.
“Je trouve que son nom et sa tête devrait être affiché pour prévenir. C’est trop facile de faire ce qu’il a fait et d’être libre”
La mère de famille estime également qu’il y a peu de chance que le prévenu respecte les conditions qui l’on été imposées. Une situation qu’elle trouve inquiétante, dans la mesure où l’individu n’en n’est pas à son coup d’essai. “Je ne pense pas qu’il va les respecter [les conditions du sursis]. Quand il avait 14 ans, il avait déjà eu une condamnation pour attentat à la pudeur” nous confie-t-elle. “Depuis que cette affaire est en cours, la justice aurait déjà du lui interdire certains accès. Pour qu’il n’ait plus de contact avec des jeunes. Je connais une personne qui l’a déjà vu revenir avec d’autres gamins. Donc je pense que ça continuera, de toute façon”
Du côté judiciaire, les victimes n’ont plus aucun pouvoir. Comme elle nous l’indique, les victimes et parents de victime ne peuvent plus faire changer la décision car elles représentent les parties civiles. A l’heure actuelle, on ne sait toujours pas si le prévenu compte faire appel de la décision.
Si la mère de famille accepte aujourd’hui témoigner, ce n’est pas pour que la justice change sa décision. C’est avant tout pour que l’affaire soit médiatisée et que les langues se délient. Elle espère que des victimes, qui ne se sont pas encore déclarées, oseront parler et porter plainte contre l’individu.
Elle souhaite aussi attirer l’attention des plus jeunes sur cette histoire, pour qu’ils redoublent de vigilance lorsqu’ils rentrent en contact avec un inconnu.
“Il faut savoir que la personne en question a un travail où il est en relation avec des adolescents et des petits. Ce n’est pas logique !” explique-t-elle, dépitée.
“J’espère que la médiatisation de cette affaire permettra aux langues de se délier. C’est lorsque mon fils a appris qu’on déposait plainte contre lui qu’il a commencé à parler”
Rappel complet des faits :
L’auteur des faits, âgé de 26 ans, comparaissait en octobre dernier devant le tribunal correctionnel d’Arlon à la suite de plusieurs plaintes et auditions en cours depuis 2013 (20 ans à l’époque des faits). On lui reprochait plusieurs cas de cyberprédation, d’attentats à la pudeur et de prévention de crime de viols sur mineurs.
Le modus operandi était sensiblement le même à chaque fois. Le prévenu, alors à peine majeur à l’époque, rentrait en contact avec ses victimes à l’aide de Messenger, la messagerie du réseau social Facebook. Pour attirer l’attention sur ses messages, il se faisait passer pour un jeune avec les mêmes centres d’intérêts. De fil en aiguille, des liens se créaient et des cadeaux s’échangeaient. Après quelques jours, le prévenu demandait même à ses victimes âgés entre 12 et 16 ans de lui envoyer des Nudes, ce terme anglais qui désigne en anglais sur Internet des « photos déshabillées ».
Dans certains cas, l’homme est allé jusqu’à rencontrer ses victimes. Selon un témoignage recueilli lors du procès, l’homme aurait sauté sur l’une de ses proies. Après s’être débattue, la victime aurait pris la fuite et coupé tout contact avec cette dernière. Dans le cas de figure où les personnes tentaient par elles-mêmes de couper les ponts, celui-ci entamait alors une période de harcèlement en envoyant des messages insistants, sans arrêts. D’autres faits de fellations et attouchements auraient également eu lieu.